Les Centrales Villageoises Durance Luberon : un modèle solaire né d’une entreprise engagée

Fin 2024, au coeur des Alpes-de-Haute-Provence, un projet citoyen est né : les Centrales Villageoises Durance Luberon (CVDL). Une aventure débutée à l'automne 2022 lors des "rencontres pour la planète" organisées par le mouvement "1% for the planet".

Un événement engagé durant lequel Laure VINCENT, la dirigeante de terre d'Oc et Vice-Présidente de 1% for the planet, y rencontre Etienne JOUIN, salarié de l'association Centrales Villageoises.

« Son pitch m’a tout de suite interpellée. Je suis moi-même actionnaire citoyenne de la Centrale Villageoises du Pays d’Aigues depuis plus de 10 ans. Je me suis dit : pourquoi ne pas installer une centrale photovoltaïque sur le toit de notre entreprise ? » — Laure Vincent

Le projet lui plaît. Laure contacte la Centrales Villageoise du Pays d'Aigues, mais apprend que son territoire d'intervention ne vient pas jusqu’au bout du Parc Naturel Régional du Luberon, à Villeneuve où se situe terre d'Oc… L'idée de créer une nouvelle Centrale Villageoise commence alors à grandir. Laure présente le projet à des associations locales et à Eric SALLEMBIEN, qui deviendra par la suite, le Président de la CVDL et Laure la Vice-Présidente.

Se fonde ensuite petit à petit le groupe fondateur du projet et les premiers actionnaires de la CVDL : Eric, Laure, les propriétaires du bâtiment et fondateurs de terre d’Oc: Valérie ROUBAUD et Patrick LIONS ainsi que Vincent CAVAILLES, ancien Président de terre d’Oc. S’y ajoute très rapidement un acteur clé du projet : Daniel MARGOT, président de la CCI des Alpes-de-Haute-Provence et fondateur de la Savonnerie de Haute Provence, voisine de terre d’Oc.

« Il y a vu un intérêt évident, car cela entrait parfaitement dans le plan de décarbonation que la CCI souhaitait porter sur le territoire [La mission énergétique est portée par la CCI dans le département]. Et à titre personnel, cela l’a aussi touché : il possède une entreprise voisine de terre d’Oc qu’il a tout de suite imaginé intégrer au projet. » - Laure Vincent

Arrivent ensuite très vite dans le groupe Fondateur son fils Samson MARGOT, Directeur de la Savonnerie et Laurène BERETTI, RAF de la Savonnerie. Et enfin Frédéric PERASSO, architecte du bâtiment terre d’Oc et aussi propriétaire d’un autre bâtiment derrière terre d’Oc qui va participer au projet.

Et pour finir Amélie CHAROT, habitante de Villeneuve et Chargée partenariats et financements à la CCI. Les 10 fondateurs montent le projet avec l’association des Centrales Villageoises et déposent les statuts de la CVDL en décembre 2024.

Qu’est ce qu’une Centrale Villageoise?

Définition d'une centrale villageoise : C’est une initiative participative locale visant à développer des installations de production d’énergie renouvelable (principalement des panneaux solaires, parfois de l’éolien ou de la biomasse), pilotée par des citoyens, en lien avec les collectivités locales.

Fonctionnement : Les habitants se regroupent en société coopérative (type SCIC ou SAS). Ils financent ensemble l’achat et l’installation de panneaux solaires (souvent sur des toits publics ou privés). L’électricité produite est revendue au réseau (ex : EDF OA), ce qui génère des revenus pour la structure ou en autoconsommation collective. Les bénéfices sont réinvestis localement ou redistribués dans un esprit solidaire.

Objectifs : Favoriser la transition énergétique locale. Impliquer les citoyens dans les enjeux énergétiques. Dynamiser l’économie locale et renforcer le lien social. Réduire l’empreinte carbone du territoire.

Le cas particulier de la CVDL : Contrairement à la majorité des centrales villageoises à gouvernance citoyenne pure, la CVDL est initiée et portée par des entreprises locales (aux côtés de citoyens et collectivités), engagée dans une logique multipartite. Ce modèle vise à combiner les expertises techniques/financières des entreprises et l’implication citoyenne pour un projet intégré au territoire. La CVDL s’inscrit dans la stratégie énergétique de la DLVAgglo (Durance Luberon Verdon Agglomération), qui vise notamment à développer des projets photovoltaïques sur le foncier public. Elle est bien sûr membre de l’Association des Centrales Villageoises nationale, qui fédère ces initiatives et diffuse méthodologie et outils (statuts types, modèles financiers, raccordement Enedis…). Tout en respectant la charte nationale, CVDL explore une forme

Un bel accueil sur le territoire

Des rencontres publiques ont été organisées pour présenter le projet, d’abord dans les locaux de terre d’Oc puis de la Savonnerie de Haute Provence avec les salariés, mais aussi les habitants du territoire, puis à la mairie de Villeneuve avec les élus et les habitants et auprès d’entrepreneurs du territoire. Ces échanges ont suscité un vif intérêt : entre 20 et 80 participants à chaque réunion, témoignant d’un réel enthousiasme pour cette initiative locale.

« L’accueil des collectivités et des habitants a été formidable. » — Laure

Les Maires et communes de Villeneuve, Volx et La Brillanne ont rapidement exprimé leur soutien, certaines allant jusqu’à proposer plusieurs toitures pour accueillir des installations. La participation citoyenne en capital a suivi, l’intérêt des habitants est bien présent, en particulier autour de la dynamique d’autoconsommation collective. Le collectif initial, composé de 10 membres fondateurs, s’est donc ensuite enrichi de nombreux nouveaux associés particuliers et de structures partenaires (personnes morales), confirmant l’élargissement progressif du projet sur le territoire.

Deux premiers projets déjà en route !

La première installation sera sur la toit de terre d’Oc pour une production de près de 100 kWc) devrait voir le jour d’ici fin 2026. Elle sera suivie par un bâtiment de l’architecte voisin (40 kWc). Pour l’installation sur terre d’Oc, la production sera partiellement autoconsommée (environ 40%), le reste sera partagé en autoconsommation collective (60%) sur le territoire auprès des actionnaires habitants ou autre personne morale.

Un modèle qui mobilise les entreprise

Une des grandes réussites du projet repose sur le fort engagement de la part des entreprises locales, gage de confiance et de réussite pour les Centrales Villageoises.

« Ça vient certainement du fait qu’on est nous-mêmes issus de ce monde-là. Et puis avoir le président de la CCI avec nous, ça ouvre des portes. » — Éric

Grâce à leur réseau, les membres du collectif mobilisent les acteurs économiques. Le cas concret de terre d’Oc parle de lui-même : Un projet aligné avec sa mission d’entreprise à impact. L’entreprise bénéficie de l’autoconsommation et les salarié·es, habitant·es du territoire, peuvent aussi en bénéficier.

L’image positive de l’entreprise auprès du territoire est renforcée. Aujourd’hui, la CVDL partage son retour d’expérience lors de réunions inter-CCI, afin de diffuser et reproduire le modèle sur d’autres territoires.

Des collectivités à l’écoute

Du côté des collectivités, l’intérêt est tout aussi marqué et la collaboration bien engagée. Les communes s’impliquent pleinement : le projet est présenté en conseil municipal, relayé dans les publications locales, soutenu publiquement, et plusieurs toitures publiques sont d’ores et déjà mises à disposition.

« On a une approche entrepreneuriale. Pour moi, ce n’est pas un gros mot. Notre objectif, c’est d’avoir un coût de revient qui permette aux citoyens en autoconsommation collective de bénéficier d’un tarif attractif. Si on peut leur garantir un prix stable et intéressant sur 10 à 15 ans, on embarque du monde. Et c’est pareil avec les communes. » — Éric

Les fortes hausses des tarifs de l’énergie survenues en 2020-2021 ont profondément marqué les élu·es. Nombre d’entre eux souhaitent éviter de revivre une telle situation, et se montrent donc particulièrement attentifs à des solutions locales, durables et maîtrisées dans le temps.

« L’argument économique est important. Mais ce qui compte aussi, c’est notre manière de présenter le projet : on arrive avec quelque chose qui fonctionne, clé en main. Et surtout, les communes ont des objectifs de décarbonation à atteindre. Quand on leur dit qu’une structure locale peut porter le projet pour elles, elles y voient un vrai avantage. » — Laure

Et pour la suite ?

Avec deux installations prêtes à être lancées sur les toits de terre d’Oc et du bâtiment Perasso et une levée de fonds menée avec succès, les Centrales Villageoises Durance Luberon se tournent déjà vers l’avenir.

Parmi les perspectives à venir : un partenariat prometteur avec la commune de Villeneuve, où plusieurs toitures publiques pourraient prochainement accueillir des installations en autoconsommation collective, ainsi qu’un projet de centrale au sol. À Volx, d’autres projets sont également à l’étude, notamment en lien avec un EHPAD et une entreprise locale. Les pistes ne manquent pas.

Au-delà de la production d’énergie renouvelable, c’est une ambition plus large qui anime l’équipe : encourager un véritable changement de comportement, en incitant les usagers à consommer l’électricité… au moment même où elle est produite.

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