Un Springbok (antilope) traverse la route devant nos roues, pour rien au monde je voudrais quitter cette terre et ses champs de rooibos à perte de vue, jusqu’au pied de la montagne de Cederberg.

Une vingtaine de minutes et 2 arrêts plus tard, le pick up se gare définitivement en bord de route où nous attendent déjà des ouvriers de Hans, issus de l’est du pays, ils ne parlent pas l’afrikaans, ni l’anglais mais Hans leur paye des cours d’afrikaans pour pouvoir échanger avec les fermiers et installe des antennes réseau pour contacter leur famille.
Chacun saisit un sac et de la ficelle orange, le sac, c’est pour ne pas poser le rooibos dans le sable, le garder propre. Je m’engage dans une rangée de rooibos que le vent fait osciller de gauche à droite, ma faucille autour du cou, pas besoin de beaucoup d’outils pour la récolte.
Les pieds de rooibos ne sont pas à hauteur d’homme et pour saisir une poignée de ces petites branches vertes, je dois un peu me pencher. D’un coup sec de faucille vers moi, je coupe le rooibos. Le geste se répète jusqu’ à ce que ma main gauche ne puisse plus abriter ma récolte que je pose successivement sur le sac afin d’en faire un beau fagot.
Je prends soin de ne couper que le rooibos, car il ne doit contenir aucune mauvaise herbe.
Ici on désherbe les pieds de rooibos avant la récolte mais en agriculture bio, il y a peu de mauvaises herbes et ce sol pauvre en nutriment suffit malgré tout au développement du rooibos.
On le récolte après la floraison entre fin janvier et mi avril aussi je dois aiguiser régulièrement ma faucille pour mieux me préserver, et racler inlassablement les côtés avec un couteau pour enlever la résine qui s’y accumule tout le temps.
Une voix s’élève rompant le calme absolu, Gerrie nous invite à faire la pause. Une tasse de rooibos froid, c’est comme ça que je le préfère, et je me laisse glisser de tout mon poids à l’ombre du pick up.